05-12-2009, 08:03 PM
L'autorité des marchés allemands enquête sur l'opération Porsche - VW
FRANCFORT (Reuters) - La BaFin, l'autorité des marchés financiers allemands, annonce avoir ouvert une enquête sur des soupçons de manipulation de cours visant Porsche dans le cadre de sa tentative de prise de contrôle de Volkswagen.
Le dossier porte notamment sur un article publié la semaine dernière par l'hebdomadaire Wirtschaftswoche, selon lequel Porsche avait exprimé dès février 2008, sans la rendre publique à l'époque, son intention de prendre 75% des droits de vote de Volkswagen avant de faire adopter un accord dit de "domination" et de transfert des profits.
Porsche a démenti ces informations la semaine dernière.
"Il est inexact de nous accuser d'avoir trompé les investisseurs. Porsche a décidé le 3 mars 2008 d'acquérir la majorité des actions à droit de vote de VW. Porsche n'avait à l'époque aucune intention de porter sa participation à 75% des droits de vote", a dit Porsche dans un communiqué publié vendredi.
L'enquête de la BaFin risque d'affaiblir un peu plus Porsche face à Volkswagen, dont les dirigeants ne cachent plus leur volonté d'imposer à leur actionnaire les modalités de leur rapprochement, annoncé la semaine dernière mais dont la forme doit être précisée au cours des prochaines semaines.
Lundi soir, à l'occasion du lancement d'un nouveau modèle, le président du conseil de surveillance de Volkswagen, Ferdinand Piech, a ainsi désigné le président du directoire de VW, Martin Winterkorn, comme son candidat pour prendre la tête du nouvel ensemble.
Il a jugé improbable que l'homologue de Winterkorn chez Porsche, Wendelin Wiedeking, accepte de rester au sein du groupe avec un rôle plus "modeste".
Piech a aussi jugé faible la probabilité que le directeur financier de Porsche, Holger Härter, prenne un poste de haut niveau dans le nouvel ensemble, en notant que Hans-Dieter Pötsch, son homologue chez VW, était plus crédible.
Il a aussi annoncé qu'il avait été décidé que le siège du nouveau groupe serait installé à Wolfsburg, où se trouve déjà celui de Volkswagen.
Enfin, il a averti que Porsche devait régler les problèmes liés à sa dette de neuf milliards d'euros avant de conclure un accord définitif sur leur rapprochement.
"Je ne peux pas imaginer que VW assume les risques d'une autre entreprise", a dit Piech, qui est lui-même actionnaire de Porsche.
L'action Porsche chutait de 7,4% à la Bourse de Francfort mardi après-midi alors que Volkswagen cédait 1%, tandis que l'indice DJ Stoxx européen de l'automobile abandonnait 0,8%.
Un analyste a estimé que les propos de Piech soulignaient les doutes sur la capacité de Porsche à gérer sa dette.
Piech a aussi évoqué lundi un désaccord sur la valorisation de l'activité de voitures de sport de Porsche, en expliquant que le montant de 11 milliards d'euros évoqué par certains était trop élevé de deux milliards.
Michael Shields, Philipp Halstrick et John O'Donnell, version française Marc Angrand
[ 12/05/09 - 16H13 - Reuters ]
Ina Fassbender