Gros Roulage Alpin
#1
Pour les tarmos fondus masos et une petite remise en jambes suite à la ré-ouverture des cols...

Hte Savoie / Valais / Tessin / Grisons / Dolomiti / Trentino / Alto Adige

- Aller (départ samedi 10/06 5h00)

Gve/Chamonix/Martigny/Sion/Brig/Furka pass/Oberalp pass/Thusis/Julier pass/St Moritz/Bernina Pass/Bormio/pso Stelvio/Jaufen pass/Cortina d'Ampezzo

- Retour (départ dimanche 11/06 9h00)

Cortina/pso Falgarezzo/pso Pordoi/Canazei/Fontanafredde/Mezzolombardo/pso del Tonale/Sondrio/Lago di Como/Varenne(ferry)/Lugano/Bellinzona/Nufenen pass

1650 km a/r et 27000 m. de dénivelé.

Je sais pas si j'aurai le temps de faire des photos.
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#2
<!--quoteo(pid=2130782770:date=08.06.2006 à 17:41:name=Nico7)-->CITATION(Nico7 @ 08.06.2006 à 17:41) [snapback]2130782770[/snapback]<!--quotec-->
1650 km a/r et 27000 m. de dénivelé.

Je sais pas si j'aurai le temps de faire des photos.<!--QuoteEnd--><!--QuoteEEnd-->

Suis pas sur qu'un APN fonctionne encore sur la lune [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/dents.gif[/img]
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#3
Bah ce n'est que du numérique hein ... a moins que la poussière d'étoile ne bousille la mémoire ... [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/vert.gif[/img] [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/vert.gif[/img]
Ushuoca [Image: emmapeelfilofax.jpg] © filofax2000
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#4
bien rentrés (CS + Tuono R), après un peu moins de 1600 km et un peu plus de 30 000 m. de dénivelé au final.
15 heures à l'aller, 16 heures au retour...
Un beau grand run avec un temps génial et des paysages fantastique.
Je posterai une prose et qq photos plus tard.

edit pour une photo de la mule samedi au petit matin, en attendant le Tuono R de Cantalou...
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#5
les photos !!! [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/bounce.gif[/img]
Ushuoca [Image: emmapeelfilofax.jpg] © filofax2000
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#6
Je fais parfois des bonnes balades mais 15h sur la becane sur ce type de route je dis respect [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/icon_eek.gif[/img]
Limite j'aurais plus trop les bons reflexes [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/tongue.gif[/img]
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#7
L'idée était de vérifier si c'était possible de faire une épreuve sur la forme des Iron Butt américains (1000 miles en 24 heures).

Sur ce genre de route de montagne il faut oublier : la moyenne étant trop basse, ça implique de rouler une grande partie de la nuit, ce qui peut devenir effectivement limite.

Les mules au Furka, avec un engin de déneigement en stand bye.
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#8
Ah ouais [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/vert.gif[/img]
Encore du plaisir a rouler quand meme? [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/tongue.gif[/img]
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#9
à notre niveau, plein les yeux [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/love.gif[/img]
et des km d'enchaînements de virages de toutes sortes [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/crevard.gif[/img]

1 vue depuis Furka et 2 depuis Oberalp pass
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#10
C'est superbe !! [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/bien.gif[/img]
Ushuoca [Image: emmapeelfilofax.jpg] © filofax2000
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#11
Bernina/Livigno/Stelvio
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#12
Oui je sais, c'est long [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/icon_redface.gif[/img]
et c'est que le premier jour [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/vert.gif[/img]
Bonne lecture !
et pour les fatigués je mettrai d'autres images...

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Samedi, 5h00, la moto bleue est harnachée. Je m'élance doucement pour rejoindre le lieu de rdv devant la concession Aprilia d'Annemasse : air frais, ciel dégagé, aube àl'est, les 1ers oiseaux se réveillent. C'est toujours un grand plaisir que de rouler à l'aube. A 5h10 je suis sur le parking d'Aprilia, et voilà au loin le phare du Tuono R tout carbone de Cantalou qui pointe au loin. Il a sanglé sa sacoche sur le strapontin emmaillotté de gros scotch.

Sans attendre nous prenons la route pour Bonneville. Pas un chat sur ces chaussées à cette heure-là : Cluse Sallanche St Gervais Chamonix (et le glacier des Houches surplombant la route) s'évanouissent très vite derrière nous. On grelotte un peu car il fait frisquet. Le col des Montets est encore dans l'ombre, mais Vallorcine est déjà éclairé par le jour naissant en Suisse, au delà de Barberine et Finhaut. Petit vallée et village encore un peu reclus, Vallorcine, tiraillé entre Valais et Chamonix, mais plus connu pour son col souvent bloqué l'hiver, faisait encore partie des prévisions routières hivernales sur France Inter à une époque pas si lointaine.

Personne à la frontière. Bonjour la Suisse ! Quelques minutes plus tard nous franchissons la Forclaz, basculant vers le Valais. Le soleil déjà haut illumine la brume au loin sur la haute vallée du Rhone. La descente vers Martigny est toujours un grand moment de conduite : belle route propre, virages larges et relevés, forêt, puis vignoble en terrasses très escarpées. En bas on filoche par l'autoroute vers Sion, de concert avec la première d'une longue série de 1200GS. Elle bifurque vite vers Aigle.

L'autoroute est monotone est rectiligne. Passé Sierre, nouvelle longue droite, où les voitures suisses roulent plus vite que la limite, rare en ce pays... Brig et les prémices réto-romands sont laissées vers 7h30, et nous stoppons sur les hauteur pour un 1er plein (un top up pour ma mule) et grignoter quelques barres de céréales. Ne pas flémarder : encore 600 km devant nous. Munster et les beaux villages de vieux chalets noirs défilent, les gens se réveillent et sortent, les voitures se font moins rares.

Ascension de Furka Pass : encore beaucoup de neige sur les bordures et les flancs des montagnes. La route, en très bon état, est constamment traversée de ruisselets de fonte. On se donne du plaisir au jeu du saute-mouton : voiture, camion, autocar... Les pauvres ne sont pas rendus en haut ! Au col la vue est dégagée et on y croise quelques Jaguars plus ou moins vieilles, engagée dans un "Alpenbrevet", sans doute un raid local. Passent les 1ères motos de la journée. La descente vers Andermatt est plus étroite et la route moins bonne mais ça reste d'un niveau très correct. Puis on remonte - encore- vers Oberalp Pass. Là haut le lac est gelé. La bise souffle, il fait de plus en plus froid. Un brin de causette avec des retraités en vadrouille en camping-car depuis Nantes, une autre forme de bonheur itinérant sans doute...

Les motards étant au mieux, les vues superbes, on repart : longue descente vers Chur, avec quelques inévitable chantiers ici et là. Après ce petit bout du canton d'Uri, nous pénétrons dans les Grisons. Les panneaux sont billingues, allemands et réto-romands. Il faut avoir constitué la feuille de route en billingue au préalable, sinon c'est la perte assurée: juste pour exemple Disentis/Muster... En outre on fleurte avec le Tessin et la langue italienne (Nufenen/Novena)... Il faut le savoir et le prévoir.

A Reichenau nous tournons au sud vers Thusis, encore un bout d'autoroute (bonheur, sans péage) et quelques longs tunnels. Puis vers Tiefencastel et Julier Pass. Le temps de remplir les réservoirs et de nous substanter rapidement à Savognin, il est déjà 11h30. Nous montons finir le déjeuner au col. Des motos sont de plus en plus actives autour de nous, et au milieu du flot ininterrompu du flat le plus vendu (sic Icare), le 1200GS, nous notons quelques modèles plus rares. Vers 13h00 pique-nique avalé et café bu à la gargote du col, et il faut descendre sur St Moritz. On ne fait que monter-descendre-virer aujourd'hui... La route est toujours propre et bonne et nous avançons prestement en Engadine, le berceau du Romanche. St Moritz, belle au bord de son lac, déserte à cette époque, impression particulière qu'on retrouvera souvent le lendemain en traversant d'inattendues grosses stations italiennes.

Passé St Moritz nous bifurquons au sud par Pontresina vers l'Italie, par le col de Bernina, longeons la voie du Bernina Express, un des plus hauts trains sans crémaillère d'Europe. Froid, neige sur les bords, bise, lac gelé, on voit bien que l'hiver vient à peine de faire ses valises. Puis au détour d'un virage : un petit poste de douane, bye bye Switzerland, nous entrons en Italie ! Nous empruntons la petite route vers Livigno, franchissons la Forcola (fourche, forclaz) di Livigno, un col oublié sur ma feuille. La route est toute petite, mais très propre, et on y croise de gros camions citernes avec lesquels les voitures doivent négocier des virages très serrés... De grandes formes d'érosion blanches et sableuses ("badlands" ?) accompagnent notre progression sur notre gauche. Basculons ensuite sur le Val de Livigno, passant souvent sous les longs portiques protégeant la route des coulées ( de neige en hiver, de roches, graviers et sable le reste de l'année). Livigno est une station de montagne assez préservée du béton, avec son coeur de vieux chalets paysans. Mais il nous faut encore monter au Passo di Foscagno avant Bormio et le Stelvio. Je l'avais aussi oublié sur ma feuille...

A l'approche de Bormio la montagne devient plus chaude et sèche. Nous cherchons de l'essence. Rien, basta, les mules monteront, les limites sont encore loin. Attaquons donc la longue ascension du Stelvio, l'inconditionnel rendez-vous de nombreux motards. C'est bien dans cette zone que nous en verrons le plus, avec les Dolomites... Toujours toutes ces 1200GS ! Ca devient d'un banal. Par contre les Ducati sont très rares ce samedi: motos du dimanche ? On verra bien demain...

La magie du Stelvio opère graduellement sur le motard qui m'accompagne : après les premiers lacets, nous passons les petits tunnels étroits, obscurs et humides où on a vraiment du mal à imaginer de qui se passe quand 2 voitures s'y croisent... Puis nous arrivons au premier palier après les escaliers. On se croyait arrivé ? Mais non, il faut encore remonter ce long vallon, puis encore des lacets, et ça y est ... arrivés ?! Non, c'est juste le poste-frontière pour la petite piste vers la Suisse : il reste encore quelques km à faire avant d'atteindre le col, en suivant une troupe de grosses baleines teutoniques (RT & co). Nous progressons encore entre les derniers murs de neige, et voilà, 15h30, nous y sommes. Comme toujours il y a beaucoup de motards là-haut. Et aussi beaucoup de cyclistes en plein étirements et assouplissements anti-crampes. Il faut bien leur tirer le chapeau, monter si haut pour l'effort et l'ego... Quelques skieurs du matin aussi sont encore là, pliant le matériel. Commander à boire dans un charabia austro-italo-anglo-français, la photo, loucher sur les Brat Wurst, grignoter du coup une ou deux barres de céréales, un coup d'oeil au catalogue de motos garées, et hop il faut déjà repartir, le plus gros est fait mais il faut finir la route.

La route nord est moins bonne, plus étroite, le revêtement souvent marqué. Un 900ss carbu s'intercale entre nous pour la descente. Nous croisons une Porsche arrêté et perplexe dans l'intérieure d'une épingle, jouons dans les épingles avec un Spider Alfa. En bas du Stelvio nous faisons enfin le plein, et rejoignons une longue route droite, insipide et casse-pied, sur laquelle nous progressons lentement et à saute-mouton au milieu d'une horde de voitures très teutonique jusqu'à Merano/Meran, ville cuvette au confluent du Passirio et de l'Adige. Où nous perdons un peu, ce qui nous oblige à demander notre chemin à des locaux qu nous expliquent dans un patois quasi incompréhensible mais dont on retient l'essentiel: "autostrada/Meran no uscita/val Passiria uscita/San Leonardo"... 'wieders'en, danke... Capito ?! Andiamo, c'est bon on a retrouvé notre chemin mais perdu une bonne demi-heure.

Vite vite, remonter le Val Passiria vers le Pso di Giovo. Oups... un rétro qui heurte une de ces balises de bordure en plastoc à l'intérieur d'une épingle... C'est une toute petite route qui nous permet d'atteindre ce col. Elle tortille sous toute sa longueur, d'abord au milieu des villages et des prairies, puis sous la forêt mixte, puis les conifères, dans les alpages, et enfin, à l'approche des sommets, dans les rochers et une végétation rabougrie. On retrouve là tout l'étagement de la flore alpine. Et toujours ces vues, plongeantes et aériennes vers les vallées et cimes alentour. On ne s'arrêtera pas en haut, pas le temps. Dommage, le panneau est recouvert d'autocollant de clubs auto-moto-vélo divers, et la vue est superbe. Mais il faut avancer.

Arrivés en bas nous reprennons un bout d'autoroute. Nous sommes dans le Süd-Tirol, les panneaux sont en allemand. Les camions-pompiers sont marqués Feuer Werk, et pourtant nous sommes toujours en Italie. Le ciel s'est chargé de gris. Il fait plus chaud dans les creux. A Brixxen, 25 km plus loin nous quittons la monotonie pour une belle transversale rapide vers l'est par Brünneck et Tobfach. Une petite averse nous précède, raffraichissant l'air et la route sans affecter le grip de nos pneus. Parfois nous la rattrappons, mais ce ne sont que trois petites gouttes au pire. A Tobfach l'Autriche est à quelques kilomètres seulement. Après un ultime plein nous tournons au sud vers Cortina. Il est 19h30 et les routes se sont vidées du trafic. Nous rentrons dans le massif des Dolomites. On s'est beaucoup battus ici entre 14 et 18, entre Autrichiens et Italiens : des petites forteresses, casemattes et anciens camps militaires bordent fréquemment les 30 km qui nous séparent de notre but. Surprenant aussi, ces rios (riis) asséchés et blancs de sables et galets, qui dévallent tout droit les flancs des pic autours de nous. Le bas de la vallée n'est qu'un immense lit sec et blanc de sable et galets. On imagine ce que ça doit donner quand le ciel crève au-dessus de tout ça !

Cortina, nous voilà ! Ca y est, nous entrons dans le gros village vers 20h00. Les rues sont vides. Nous rejoignons notre hotel...

Chouette ! On a fait la moitié, et sans encombre ! Certes on est un peu crevé, mais après une si belle route et plein les yeux, on s'en fiche !

edit : Cortina de nuit et au petit matin...
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#13
quelques vues supplémentaires avant de continuer mon interminable prose [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/icon_redface.gif[/img]

Pso Pordoi / Mendola (où le Cantalou se gratte le ciboulot à la vue de son diablo usé)

(excusez le grain, vieil ixus, vu que je n'ai pas encore eu le temps de régler le pb de tâche sur l'autre appareil)
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#14
Cela me fait beaucoup de plaisir de voir faire ce type de périple sur...ce type de moto!
En effet pour beaucoup, c'est une bécane de débutant, un p'tit truc pour fillettes, surtout pas une moto d'hommes!

Fatalan (BMW F650GS et débutant depuis 1978 [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/icon_wink.gif[/img] )
EX Caterham K1600 et actuellement Slow-Flyer en MG TD de 1950 et MX-5 na de 1991, daily; Dacia Duster 1.3TCe 150 EDC
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#15
une moto de fillette ! [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/vert.gif[/img]
ma p'tite mob bleue elle avance [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/bien.gif[/img] c'est le principal...

Allez, je termine et je ne vous saoule plus avec mes mots.

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Dimanche 9h00: l'heure de s'élancer pour le retour, après un copieux petit déjeuner façon Tirol. Les falaises qui nous entourent se dressent dans un ciel bleu et dégagé. Une toute nouvelle F800ST grise passe devant notre hôtel quand nous sanglons nos sacs.

Nous montons au Pso Falgarezzo, point de départ d'une grosse cabine qui permet de monter à des restes de fortins et tranchées du conflit austo-italien sur les sommets alentours. Les Dolomites présentent des profils spectaculaires, grosses aiguilles raides, rosissantes dans les lumières du matin, grands éboulis au bas des pentes. Celà n'a rien à voir avec nos Alpes françaises. C'est aussi le paradis des 2 roues. On y aperçoit une F800S jaune. Puis un groupe de motos italiennes arrivent au col juste avant notre départ. Enfin ! Des Ducati nous en croiserons pas mal ce jour... Petite revue de détails et on repart vers le pso Pordoi. On double une topolino blanche et la grand-mère au volant, qui monte vaillamment les grands lacets, en route pour Canazei peut-être. Un gros autocar du Lot se prend le choux avec un gros camping-car du Nord au détour d'une épingle serrée. On accède au Pordoi en suivant une longue route qui serpente sur une ligne de niveau au dessus d'un vallon étroit, avec des vues dégagées vers les alpages et sommets voisins. Pordoi est encore un col dont l'ascension est longue, mais dont les grands lacets permettent un rythme soutenu... Une brise nous y acceuille pour raffraîchir l'effort sous le soleil. Quelques motards sont attablés ici et là pour un café.

S'ensuit alors une grande descente, à travers de gros villages de montagne, sur une route très propre et propice au roulage rapide. Puis peu à peu nous remontons sur un long plateau, avant de basculer vers Aura et la vallée de l'Adige, au sud de Bolzano : s'ouvre alors une vue fantastique sous le soleil de la mi-journée depuis le rebord, vers le fond du très large val, plat, et entièrement quadrillé de vignes et vergers. La descente est lente, le trafic important. Une fois en bas nous nous dirigeons vers le pso di Mendola : nous avons en effet un peu amendé notre parcours pour éviter la chaleur au sud dans le Val d'Adige, préférant grimper ce "petit" col. Surprise : c'est une montée très technique et très empruntée qui nous attend : à flanc de falaises, une succession d'épingles courtes et très resserrées, avec un important passage dans les 2 sens de vélos, motos et autos. La route est en pointillés rouge/blanc sur la carte... Les vues plongeantes vers le val sont toujours aussi impressionnantes. Au Mendola nous nous arrêtons enfin pour avaler café.

Mais il ne faut pas s'attarder et nous repartons vers notre prochain col, traversant un gros plateau de culture de fruitiers, qu'on irrigue par des jets d'eau, ce qui nous vaudra de passer souvent à travers les brumisations raffraîchissantes de certains jets mal orientés... Un peu d'essence dans un village ensiesté à cette heure au dessus du lac-barrage de Santa Giustina, et nous continuons rapidement notre progression vers Tonnale, grosse station de ski, moche, vide à cette époque, plantée sur un col dont l'accès est se fait par une petite route très chouette qui s'enroule sous les sapins. Le grand massif magmatique du Mont Adamello nous domine au col. C'est un des plus haut du pays. Seuls quelques voitures y passent, 1 ou 2 autocars de liaison, et pas mal de motards. C'est donc là que nous pique-niquons, en début d'après-midi, à l'abri du vent derrière un gros monument aux soldats tombés entre 14 et 18, pendant ce que les les Italiens appellent la "Guerre Blanche", en référence aux terribles combats sur ces sommets vertigineux et enneigés.

Après le Pso deli Aprica, petit col et grosse ville de montagne, nous rejoignions la vallée de l'Adda, fleuve torrentueux qui descend depuis les environs du Stelvio jusqu'au Lac de Cômes. Passé Sondrio nous roulons dans un air chaud sur une grosse route très chargée, où il faut conduire à l'italienne pour avancer plus vite que le troupeau. Nous sommes un peu surpris de voir des voitures croiser allègrement et sans prévenir les lignes blanches pour dépasser de longues files plus lentes. C'est là que nous voyons un second CS, bleu graphite, monté par un couple italien. Cantalou, lui, compte les Aprilia et les Tuono... Peu après un remplissage des réservoirs, nous rejoignons une route moins chargée pour accéder à la rive ouest du lac. Pour des questions d'horaire nous avons choisi d'abandonner la traversée en bac depuis Varenne. Les vues sur le lac valent le détour, mais la progression est très ralentie : la route file dans une succession de petits villages coincés entre le rivage étroit et les pentes très escarpées, où le touriste abonde, en voiture, en camping-car ou à vélo. A Menaggio nous stoppons au bord du lac pour boire un café et grignoter quelques barres.

Puis de nouveau nous longeons un lac, celui de Lugano : il est moins couru que le précédent, mais tout aussi chouette, avec ces pentes couvertes de forêts qui se précipitent dans l'eau, les petits villages s'agrippant au mieux sur la bande étroite du rivage. Depuis le lac de Côme nous traversons de très nombreux tunnels routiers. Puis, à la sortie d'un d'eux nous entrons en Suisse et à Lugano. L'heure tourne et c'est par l'autoroute que nous rejoindrons les contreforts du Gothard. Le pneu arrière du Tuono donne des signes d'usure avancée, qui nous contraignent à ralentir un peu le rythme sur l'autoroute.

A Airolo nous bifurquons enfin vers Nufenen Pass, notre dernier et grand col : 2478 m. quand même ! Autant le Gothard est lent avec ses grandes épingles très larges assises en surplomb en sur le flanc de la montagne, autant Nufenen est surprenant de rapidité : c'est une route assez droite qui monte dans le creux d'une vallée, avant de finir par quelques longs lacets. La surprise vient du fait que les derniers kilomètres se font dans le halos d'une brume épaisse mélée de rayons du soleil couchant, à slalomer entre des roches effrondrées sur la chaussées, voir même un peu de neige ayant glissé des talus par endroits. Atmosphère un peu irréelle, ou féérique, au yeux du breton qui m'accompagne. Ca doit lui rappeller des Brocéliande ou autres... Au col, la gargotte semble ouverte... Ben non, elle est fermée. Zut. On redescent dans l'irréel sur quelques centaines de mêtres, et d'un coup tout se dégage: seul le col est encapuchonné... La vallée baigne dans la lumière de la fin de journée, et la route luit des ruisseaux de neige fondue la coupant. D'en haut on a même cru qu'il y avait de la neige ou de la glace sur la chaussée ! Nous débouchons à Ulrichen dans la haute vallée du Rhone, entre Brig et Furka, un peu à l'est de Munster. Un restaurant nous y tend les bras. Sans nous faire prier nous y stopppons. Il faudra tout de même rassembler les souvenirs épars de notre apprentissage de la langue de Goethe pour réussir à commander notre repas !

Le soleil a disparu depuis un moment quand nous ressortons rassasiés, mais la nuit est encore très claire, un des ces avantages de rouler en juin, les journées étant longues. Nous descendons rapidement vers Brig le long du Rhone, qui n'est encore qu'un gros torrent. Un animal à longues oreilles, apeuré dans le faisceau des phares et les roues. hésite sur le côté de la route à choisir : petite poussée d'adrénaline sur la digestion... Puis se sont quelques souris... Un cafouillage à un rond-point me fait perdre mon ouvreur qui me croit devant alors que je suis encore derrière: il fonce alors pour me rattraper, et moi derrière je fonce aussi pour le rattrapper... Quand je l'aperçois enfin au loin je l'arrose de mes appels de phares et nous finissons par recoller les bouts...

Ce qui nous amène ensuite à reprendre l'autorute vers Sierre. Le Diablo arrière du Tuono a fini de peller dans la fraîcheur du soir, il finira bien le voyage. Sion, Martigny sont évacués par l'autoroute, ça sent la fin, les postérieurs sont meurtris, les genoux raides, les épaules ankilosées, les pieds engourdis se promènent sur les cales... Nous quittons le ruban pour rejoindre la frontière après un ultime plein. Passent Evian et Thonon et le Léman, dans la tiédeur de cette nuit. A Annemasse nos chemins se séparent. Il est 1h15 du matin quand j'éteins la bleu chez moi, la boucle est bouclée.
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