Monte Carlo Historique 2009
#31
MONACO > VALENCE

Dimanche matin, réveil en bonne forme , mais nous arrivons limite au parc pour prendre le départ: nous avions juste oublié que déjà certaines autos ont abandonné, décalant ainsi notre heure de pointage en sortie de parc!!
Pendant que l'assistance file à Puget-Théniers, nous escaladons les pentes du Mont Vial jusqu'à Tourette du Château, magnifique village suspendu sur le flanc de la montagne. Suspendu, la route l'est aussi au dessus d'une forte déclivité: sortie interdite. Le rythme est très soutenu, il y a très peu de lignes droites, je garde l'oeil collé au trip et au cadenceur: -50, -60, il est très dur de revenir à 0. Mais la nouvelle méthode marche!

Arrêt de routine à l'assistance, on remet désormais comme d'habitude un peu de liquide de freins.
L'ambiance est de plus en plus « racing » dans la Celica, le pot d'échappement ayant lâché en début de la Concentration!
Longue liaison jusqu'à la ZR3, plus facile, très roulante, presque ennuyeuse. On se fait quand même piéger bêtement, après une longue ligne droite effectuée à 0, par une série d'épingles où nous perdons du temps et au sommet de laquelle évidemment se trouve le contrôle! La leçon n°2 est retenue, il faut anticiper de quelques dizaines de mètres au cadenceur les zones très sineuses.

On croise la Ford Capri sur cric avec une grosse assistance autour, alors que son équipage se vantait sur un forum très connu de faire le rallye sans. Amusant...

CH à Serres, suivi immédiatement de la ZR4, L'épine-Rosans. Première partie sinueuse mais au final sans contrôle, suivi par une loooongue ligne droite qui nous endort. A Ste-Marie, reveil brutal: si nous passons devant le 1er contrôle à 3/10, le profil et l'étroitesse de la route nous empêche de passer à 0 ensuite.

A nouveau une longue liaison vers le Vercors, mais par une route sinueuse où il faut cravacher pour gagner quelques minutes utiles pour l'assistance. Cette fois je vais jouer à domicile dans « mes » montagnes. Coup de fil à mon père qui est sur place, le Col de Carri est sans neige, mais évidemment pas l'Echarasson (pas de déneigement en hiver). Arrivés sur le plateau à la nuit tombante, les flocons se mettent à tomber. Nous decidons malgré tout de rester en « neige », la température étant restée légèrement positive tout la journée.

Funeste erreur! Le passage de plus de 200 autos avant nous a damé la neige, rendant certaines portions de l'étroite route très glissantes. Dès les premiers virages, nous sommes prévenus: une Porsche est en équilibre instable, posée sur le bord de la route, une Mercedes (celle de Guizounet) plantée en face sur un talus. Michel déploie des trésors de pilotage, nous frisons le tête-à-queue plusieurs fois, nous prenons une valise de pénalité (+1min 21s sur un seul contrôle), avant de retrouver la route de Combe-Laval et de débouler ventre-à-terre sur St Jean-en-Royans, tout juste à temps pour passer à 0 devant le contrôle suivant. Du moins, c'est ce que nous croyions, comme nous le verrons plus tard...

Au CH de St Nazaire en Royans (super accueil de la municipalité), nous montons les clous en prévision de l'Ardèche le lendemain qui s'annonce particulièrement enneigée. Liaison tranquille jusqu'à Valence, nous pointons au CH toujours sans pénalités.

Arrivé à l'hôtel qu'un ami nous avait réservé, surprise, nous tombons sur des chambres qui doivent tout juste être bonnes à accueillir des SDF. Le matelas à mon âge, si si, c'est marqué dessus!! Coup de sang de Michel qui appelle un autre hôtel. Miracle, il reste 2 chambres. Nous rembarquons tout notre matériel pour des chambres un peu plus salubres et pour une bonne nuit de sommeil.
"Un bon copilote ne fait pas forcément gagner un rallye, mais un mauvais le fait assurément perdre" Ari Vatanen
Répondre
#32
VALENCE > VALENCE

Nous arrivons cette fois largement en avance au parc concurrent (1h ½…). Nous apprenons que nous sommes remontés à la 116e place ! Direction la 1ere ZR de la journée, St Pierreville-Antraigues, la plus longue du rallye, 46 km soit près d’une heure à batailler au volant ! Sur la ligne de départ, on nous chuchote que la ZR7 (Burzet) serait annulé.

Jolie route de liaison dans les gorges de la Glueyre, mais pas idéale pour grapiller quelques minutes d’avance. D’autant plus que cela bouchonne à l’entrée de la ZR : nous y perdrons plus de 30 min !! Que se passe-t-il donc ? En fait un comité de soutien des habitants du village contre la perte programmée de certains de leurs services publics a bloqué le rallye devant les caméras de télévision régionale. Je suis inquiet pour le pointage à 0 à St Agrève, si Burzet est maintenu, ce sera mission impossible.

Nous attaquons enfin la ZR, moins intimidante que prévue. Certes le tracé est sinueux, mais moins que la ZR2 par exemple et nous contrôlons notre progression. Le passage au premier contrôle marque notre meilleur résultat sur tout le rallye : 2/10 de seconde d’écart !
Nous rattrapons puis passons sans trop de gêne un gros break Audi immatriculé en Italie qui décide de nous coller dans la descente : il s’agit de l’assistance d’un groupe d’italiens aux numéros proches du notre, équipe doublant en courbe, sur ligne blanche, traversant les villages à fond, puis s’arrêtant pour assistance quasiment au milieu de la route, gênant tout le monde.

Fin de la ZR à Antraigues, un officiel nous confirme que Burzet est annulé : trop de neige, de burle sur le plateau, les congères sont énormes.
Justement, les 3 Italiens sont là : j’en attrape un au hasard, lui explique en anglais que cette auto n’a rien à faire là, qu’ils risquent l’exclusion de l’épreuve. L’homme semble étonné, nous remercie de l’info. Intox ? Comment peut-on participer au MCH sans avoir lu le règlement ?


Un petit détour par la remise à Antraigues où nous avalons les fameuses tartes aux pommes de la famille Jouanny, un copain de Monaco participant l’année dernière est là pour nous saluer. Nous remontons directement à St Agrève par Mézilhac, sur une route enneigée mais roulante et nous pointons à 0 sous un vent glacial.

Saint-Bonnet-le-Froid, justement, tel est le nom de la –célèbre- ZR suivante. Le parcours y est très rapide mais très souvent enneigé, ce qui le rend spectaculaire. Mais quasiment pas de neige pour nous, la ZR devient une épreuve de pure régularité sans vraiment de pilotage. Je me concentre sur mes cadrans, Michel marche « à l’oreille » comme un métronome, nous passons à nouveau à 2/10 au 1er contrôle et sortant de la ZR avec seulement 2,8 secondes d’écart, soit le 24e temps absolu !

Nouvelle liaison enneigée vers Lamastre (que j’ai bien connu pour son magnifique train touristique quand j’étais haut comme 3 pommes…), nous attaquons la dernière courte ZR (19km), toujours en clous. En fait, comme le calage spécifique du trip en pneus clous colle au mètre près aux indications du road-book de l’ACM, nous avons décidé de les garder aussi pour cette raison.

L’accueil des habitants de l’Ardèche est impressionnant, à Gilhoc sur Ormèze ou Alboussière, les rues sont parées de fanions, de ballons multicolores, les habitants sont présents en masse au bord des routes, nous recevons un panier de produits locaux au CH d’Alboussière. Comme nous le dira un officiel devant le pointage : « c’est ça, l’Ardèche ! ». Bravo à eux !

Retour à Valence, le temps imparti est confortable mais j’espère que les embouteillages d’entrée à Valence ne nous retarderons pas. Mais non, nous sommes toujours sans pénalité à l’entrée du parc fermé. Guizounet et JF500 nous attendent, ce dernier nous remet personnellement la feuille de résultat de la journée, nous congratulant mais nous indiquant que nous passons devant les contrôles avec de plus en plus d’avance, signe soit d’un trip décalé (ce qui n’est pas le cas comme nous l’avons vu), soit de trajectoires coupées dans les virages.

Et effectivement, pour compenser le manque de puissance lors des relances en sortie de virage serré et garder un peu de vitesse, Michel est obligé parfois de couper au plus court.
Plus efficace en terme de pilotage, mais beaucoup moins en terme de régularité au 1/10e de seconde.
"Un bon copilote ne fait pas forcément gagner un rallye, mais un mauvais le fait assurément perdre" Ari Vatanen
Répondre
#33
VALENCE > MONACO

Au petit matin, sur le parc, je décide alors d’étudier sérieusement cette fameuse feuille verte :
Par exemple, ZR6 : +0,2 / +8,6 / +16,6 secondes aux contrôles
La redescente sur St Jean-en-Royans, où nous pensions passer à 0, nous sommes en réalité à +6,6 secondes !

J’isole les contrôles où nous estimions être à 0, calcule le pourcentage de décalage, fait la moyenne : 5 pour mille. Plutôt que d’essayer de décaler au fur-et-à-mesure les annonces d’écart, je décide carrément d’appliquer directement ce coefficient sur la moyenne à tenir. Ainsi 49,8 / 1.005 = 49,55. Tout simplement !

D’autre part Michel est inquiet : on a tapé 2-3 fois sous la caisse, il veut vérifier l’état des rotules. Nous envoyons Guillaume et Valérie à la recherche d’un garage où nous pourrions « louer » un pont pour ½ heure. C’est Euromaster Valence qui nous accueillera : « pas de problème, si c’est pour un concurrent du Monte-Carlo, mon garage vous est ouvert ». Un grand merci à lui.
Guillaume se glisse sous l’auto, vérifie une à une les liaisons au sol, tout est ok. Rassurés, mais retardés de 22 minutes, nous repartons.

L’assistance file vers Die puis Bellegarde en Diois pour un long contournement contre la montre, nous grimpons vers le redouté Saint-Nazaire-le-Désert (ZR10). Un peu de neige au Col des Roustans, ça passe pas trop mal, nous n’accumulons que 5,1 secondes d’écart, soit notre 2e meilleur résultat des ZR. Ca marche !

Guillaume et Valérie sont à peine arrivés à la Motte-Chalançon que nous voilà déjà, on vérifie les niveaux (la routine quoi) et nous repartons sans tarder pour la ZR suivante. En effet, nous avons toujours 20 minutes de retard sur l’heure de pointage idéale à Eze qui se trouve heureusement à 330 kilomètres de là. Plongé dans mes calculs, je rate la D162 vers le Col de Soubeyrand. Le temps de faire demi-tour, encore 3 minutes d’envolées ! La liaison est magnifique mais sportive, le rythme est très soutenu pour essayer de grapiller un peu de temps. Guillaume se bat au volant de l’assistance pour tenir le rythme, puis nous quitte pour contourner la ZR.

Montauban-sur-Ouveze – Eygalayes par le Col de Perty ! Depuis le départ, nous rencontrons la neige à partir de 1000 mètres d’altitude ; le Col de Perty est à 1302 mètres, autant dire que cette ZR s’annonce capitale ! Nous ramons dans les relances des épingles de la montée, la neige est bien là. Voilà la descente, dans une courbe à gauche, une R12 Gordini est immobilisée contre la neige sur la trajectoire, roues bloquées, nous l’évitons de justesse. Plusieurs secondes de perdues, sanctionné par près de 14 secondes de retard au contrôle suivant. Rageant ! La suite est bien meilleure, nous finissons finalement cette ZR à la 76e place.

On récupère l’assistance. Pas le temps de s’arrêter pour manger, on a toujours 20 minutes de retard sur l’horaire. Objectif : rattraper ces 20 min et en gagner 20 autres avant Eze pour faire enfin une assistance digne de ce nom. Nous avalons nos sandwiches en route, rejoignons bientôt la route Napoléon. Il a neigé dans la nuit, les bas-côtés en témoignent.

Le Col de Toutes Aures est sinueux, nous ne sommes pas les seuls sur la route, malgré tout nous grappillons minute par minute. L’un des nos 3 italiens a fini logiquement par taper : sa 911 est bien froissée à droite comme à gauche. Malheureusement, il a entraîné avec lui le véhicule d’un autre usager, une moto est à terre. C’était tellement prévisible !

Entrevaux, pari gagné, 20 minutes d’avance ! J’avais bien repéré à l’aller quelques jours avant la petite route d’accès à la ZR en épingle à droite. Un commissaire s’avance vers nous, l’air sévère : contrôle des pneus. Il se penche avec autorité sur la roue avant gauche, puis se relève avec sourire en levant le pouce : clous conformes.

Il est à noter d’ailleurs le gros travail fait par l’ACM pour contrer les tricheurs : quantités se sont faits prendre avec des clous non-conformes, des appareils électroniques interdits, des arrêts intempestifs avant les contrôles « secrets ». Nous avons eu vent d’ailleurs de la technique utilisée par l’ACM pour déjouer les ouvreurs, nous avons beaucoup ri de l’ingéniosité. Simple, mais il fallait y penser ! On adore.

ZR12 sinueuse, longue, rythmée, dans l’esprit de la ZR2 qui est toute proche. On déclenche comme d’habitude le cadenceur avec la correction de 5 pour mille. Pourtant la route est étroite, il ne semble pas possible de couper les virages. En pleine ZR, il faut recalibrer l’appareil à la bonne moyenne. Je me remémore les explications de Guizounet, les tests effectués avant départ. Cela va-t’il marcher ? Oui ! le cadenceur se recale automatiquement, nous sommes d’un coup à -50.

Fallait-il vraiment caler le cadenceur à la bonne vitesse ? Les résultats prouvent que non, puisque nous avons pointé de plus en plus en avance à chaque contrôle, accumulant 7,4 secondes, 131e temps de la ZR. Dommage, mais nous continuons à apprendre !

Longue et belle liaison sineuse par Roquesteron et Gilette jusqu’au CH à Eze dans les temps, on décide de monter des clous neufs à l’arrière pour le final, et nous arrivons sans surprise sur le port de Monaco pour quelques heures de repos. Nous sommes 89e, dans les 100, objectif atteint !! Il faut se rappeler qu’à la grande époque du Mont Carl’, seul les 100 premiers équipages avaient le droit de participer à la dernière nuit, la fameuse Nuit du Turini.

On nous remet les traditionnelles insignes de l’ACM, une femme s’approche de la portière de gauche, discute avec Michel. Je ne vois pas son visage, mais son badge officiel pend autour de son cou. Machinalement, je lis « attachée de presse », puis d’un coup son nom : Françoise Conconi !!! Elle se baisse alors, c’est bien elle, la chevelure blonde est toujours là, elle est là devant moi, je suis dans le siège de droite, à la place qu’elle a tant occupé avec Christine Dacremont et Michèle Mouton. Moment d'émotion.
"Un bon copilote ne fait pas forcément gagner un rallye, mais un mauvais le fait assurément perdre" Ari Vatanen
Répondre
#34
MONACO > MONACO

Nous voilà au départ de la dernière nuit. Ne surtout pas oublier que nous partons toutes les 30 secondes sous peine de rater notre heure de départ. Devant nous, n°232, l’imposante Mercedes 300 SE d’un sympathique équipage norvégien, qui nous a confié à Valence ramer dans le sinueux. A coup sûr, la teutonne va nous bouchonner dans le Col de l’Ablé. Il faut la passer avant !

A nouveau, la préparation consciencieuse de l’itinéraire va faire merveille : dès le « tourniquet » de l’Avenue de la Princesse Grace, il est derrière nous. Un peu plus loin, c’est autour d’un Coupé Lancia Beta d’hésiter, nous filons sans relâcher sur le Col de Castillon, plusieurs autos « en remorque », trop heureuses d’avoir un ouvreur.

J’ai une boule dans l’estomac, il ne s’agit pas de se rater si près du but. Guillaume et Valérie ont décroché, on leur signale de filler direct à Sospel, voilà le début de la ZR.

Michel s’arrête pour remettre du liquide de freins, 3 concurrents en profitent pour nous doubler dans la file, c’est pourtant interdit. Le dernier manque de peu de lui rouler sur les pieds ! Michel est hors de lui, passe un savon au pilote, remonte comme un fou dans l’auto. Je l’engueule presque pour qu’il se calme, on a pas besoin de ça pour attaquer l’Ablé.

D’après ce que nous savons, celui-ci est sans verglas, juste humide. Un peu de neige nous attend dans les derniers kilomètres du Turini. Trip à « 0 », cadenceur sur « on », c’est parti ! La route est étroite, très sinueuse, extrêmement bosselée, ma tablette saute de partout, je n’arrive même plus à lire le tripmaster ! Je m’applique à donner d’abord des indications de virages, non pas mes notes savamment préparées, si précise mais dont il est tellement facile de perdre le fil, mais plutôt les extraits de carte au 1/25000e adjacents : Michel conduit à vue, je ne lui indique que les virages importants : équerre ou épingle.

Nous apercevons le toit d’une Opel Commodore en contre-bas de la route : le rallye est fini pour lui…

Mes yeux arrivent enfin à accrocher la distance parcourue depuis le début de la ZR : malheur ! la remise à 0 a mal fonctionné, les kilomètres s’enclenchent mal, à cheval entre 2 chiffres !! Où en sommes-nous vraiment ? Nous savons que nous sommes en retard, mais de combien ? Je reprends dans le road-book l’indication de distance du départ de la ZR, compare avec le totaliseur, finit par retomber sur mes pattes : 400 mètres de retard, aïe !!
D’autant plus que se profile bientôt le Pas de l’Escous et ses 17 épingles serrées en montée !

« Regarde ! » C’est Michel qui vient de pointer son doigt vers l’encre noir du ciel (ou de la montagne, on en sait plus bien). Les épingles sont là, elles se dessinent furtivement par petites tranches mouvantes, à la lumière des phares de la demi-douzaine de concurrents qui se trouve devant nous. Spectacle fabuleux !!

Mais le temps n’est malheureusement pas à la contemplation : nous intégrons à notre tour le serpent lumineux. Les clous font glisser outrageusement la Celica, le pont grogne, Michel se bat avec la direction trop démultipliée, le petit 1600 simple arbre fait se qu’il peut et moi à côté je ne peux rien faire ! Rien faire d’autre qu’annoncer les virages et le retard qui s’accumule, plus d’un kilomètre à la Cabannette !

On fonce dans la nuit sur la route droite de Peïra-Cava : -700, -500, -200, -80, 0 !! Ouf, on a rattrapé notre retard ! On régule gentiment, en soufflant un peu. Pourtant, une Simca 1200S nous rattrape et nous double : s’il est en retard, où l’avons nous doublé ?

Le Col de Turini ! En fait, super frustrant de l’intérieur : on en voit rien, ça dure 5 secondes à peine, on plonge vers la Bollène-Vésubie. Toujours pas de glace, à peine quelques traces de neige…Michel repart à l’attaque, arrive à limiter les dégâts. Avec les clous, nous avons l’impression d’être sur du verglas, l’exact contraire de ce qu’il aurait fallu, un comble !

Nous rejoignons la 1200S qui se traîne un peu dans la descente et finit par nous bouchonner. Mais que fait-il donc ? Il semble ne pas jouer la régul, mais rouler à sa main…
Nous le repassons, on fonce vers la vallée, La Toy glisse de plus en plus, Michel a l’impression qu’un pneu est dégonflé. C’est la catastrophe, on perd beaucoup de temps en glissade et notre assistance ne pouvait pas techniquement être des 2 côtés de la montagne.

Fin de la ZR, enfin, je saute sur mon téléphone pour appeler Christophe Bérard (R5 Alpine Gr2), qui devait mettre gentiment à disposition son assistance à la Bollène en cas de besoin. Mais non, on a dû mal se comprendre, avec sa faconde du sud-est, il me fait savoir qu’elle est à Sospel, de l’autre côté !

On saute sur la première assistance rencontrée, ils acceptent très gentiment de nous faire la pression des pneus. Tout va bien, sûrement la surchauffe de la gomme. Un peu de liquide de freins, on remercie 10 fois et ça repart, la ZR suivante est à 2 km à peine ! Et subitement, le clac-clac du tripmaster s’arrête ! IL EST EN PANNE !!!

Je le remets à 0, titille un peu les connexions, rien ! Peut-être la sonde de roue ? Heureusement, la sonde de câble de compteur est toujours sur l’auto, tout comme sa connexion rapide, il suffit d’intervertir pour l’utiliser. Au moment où je vais débrancher, le trip repart ! Miracle ou surchauffe de la sonde près du disque ? Je ne touche plus à rien, l’entrée de la ZR est déjà là, évidemment, aucune voiture en attente pour se poser 2 minutes, on repart immédiatement.

Loda-Lucéram ! On focalise toujours sur le Turini ; pourtant, c’est bien cette ZR-là qui m’inquiétait le plus, encore qu’une partie du tracé initialement prévu (le Col de l’Ablé…) ait finalement été basculée sur la ZR du Turini. Et j’ai eu raison : étroite, très rythmée, sans aucune pause ni aucun repère ou changement de rythme contrairement à sa célèbre voisine.
Michel fait se qu’il peut pour emmener la Toy, j’essaie de lui donner au mieux les indications de virage mais ce n’est pas facile, tout se ressemble.

C’est long, c’est physique, on est à la ramasse, la Celica souffre, enfin on attaque la descente vers Lucéram. Fin de ZR, on a tout juste quelques minutes d’avance pour faire l’assistance à Sospel. Pas le temps de souffler, on file sur l’Escarène, on manque de rater la route du Col de Braus. Encore des virages des épingles, on repart à l’assaut de la montagne.

Le Col de Braus enfin, les premiers n° sont déjà au départ de la ZR15. Redescente par le Col St Jean, on croise les concurrents qui montent pour la 2e boucle, c’est magnifique mais parfois dangereux, certains se croyant seuls sur la route.

Encore des épingles, à droite à gauche…Le temps des liaisons tranquilles en fond de vallée est révolu, il faut ici se battre même entre les ZR. Tout ce kilométrage parcouru les jours précédents n’était qu’une agréable promenade dominicale : le vrai MCH, c’est maintenant !

La vallée enfin, j’appelle Guillaume, lui demande de préparer les contacts et de se placer bien en évidence pour nous signaler notre emplacement. Il ne comprend pas notre demande (« mais c’est facile, on est juste après le CH »), ne réalise pas que ce que nous venons de vivre nous a vidé et que l’on est plus trop en état de réfléchir.

L’assistance de Christophe est bien là cette fois. A peine immobilisée sous sa tente, la Celica est déjà sur cric, je n’ai même pas eu le temps d’en descendre !

Michel a les jambes qui tremblent, je fais le tour de l’auto les bras ballants, l’œil hagard, on est sonné. Il est une heure du matin, tout autour de nous, Sospel est le cœur de la Nuit du Turini : le village a été investi par les assistances: des groupes électrogènes, des projos, des autos parfois blessées qui lèvent la patte, des cliquetis métalliques, des mécanos qui s’apostrophent…P…ain ! c’est CA le Monte-Carlo et c’est vachement bon : on en touche plus du doigt le mythe, on est DEDANS !

Pointage au CH à 0, c’est reparti pour la 2e boucle par le Col de Castillon. Evidemment, la Mercedes est à nouveau devant nous, mais elle semble avoir des problèmes mécaniques, elle est lente, puis s’arrête sur le bas-côté : dommage pour les norvégiens, si près du but !

ZR15, à nouveau le Turini. Bien que fatigué, on est déjà plus détendu, car on SAIT. On sait ce qui nous attend, on sait que les pneus sont les bons, que l’on commence à voir le bout du rallye.

Evidemment, on est pas assez rapide dans l’Ablé, mais on a gagné 30% de décalage part rapport au tour précédent. Beaucoup moins de retard à la Cabanette, on régule avant Peïra-Cava, on en vient même à échanger quelques mots autres que les informations nécessaires au rallye. La plupart des spectateurs sont partis, seuls restent les fidèles parmi les fidèles, le vrai amateur au cœur de la nuit isolé dans une épingle, dont la présence nous est révélée par son flash photo. Il a tout mon respect…

La Bollène, on refait juste les niveaux, ça va bien bien mieux, on est presque détendus. Une lampe frontale est là, posée sur le muret, un mécanicien a dû l’oublier. Je l’attrape en me disant sans trop espérer que peut être je pourrais lui rendre à Monaco. Un klaxon dans la pénombre à gauche : c’était en fait le signal de positionnement d’une assistance allemande que je n’avais pas vue ! Oups, désolé les amis !

On attaque la dernière ZR, c’est dur mais les pneus contacts font merveille. L’impression cette fois d’être seuls au monde…On finit pourtant par rattraper une auto. De loin, je reconnais instantanément sa silhouette : il s’agit d’une Fulvia Coupé, conduite par l’un de nos fameux italiens ! Michel se fait un plaisir de l’avaler d’un coup d’accélérateur, entre 2 courbes : alors, on fait les kékés en liaison, mais lorsqu’il s’agit vraiment de dompter une auto, on fait moins les malins !

Les lumières de Lucéram en dessous de nous. Encore 3 épingles, 2 épingles, 1, panneau de fin de ZR. Ca y est c’est fini ? Oh que non !!

Le Monte-Carlo Historique, c’est comme un CD musical : il y a un morceau caché à la fin. En l’occurrence, on aurait pu redescendre tranquillement vers Nice pour attraper l’autoroute et rejoindre par les grands axes le Port de Monaco. Mais non, trop simple, trop facile !

L’assistance est là, je lui fait signe de nous suivre, nous n’avons que quelques minutes d’avance, une fois de plus pour avoir bien étudié le parcours, je sais ce qui nous attend. Je supprime la petite pause prévue, Michel est resté concentré, il faut en profiter !

Descente par les gorges du Paillon, puis à Peillon, remontée difficile toute en épingles vers Peille (vous suivez ?). Le rythme est lent, on perd plus de temps qu’on en gagne. J’anticipe au mieux les carrefours, la Kadett GTE devant nous file tout droit dans le village, nous tournons quasi en aveugle à droite, le panneau de direction est masqué par la végétation.
Un peu plus long pourtant, nous nous engageons dans une ruelle : demi-tour rapide, puis encore des épingles, toujours des épingles ! A nouveau, nous tombons sur la R12 Gordini qui cette fois est immobilisée sur un muret à gauche.

Enfin la route redescend, la vue est magnifique sur St Jean-Cap Ferrat. On arrive à gagner quelques minutes, les lumières de la ville viennent vers nous, voilà La Turbie, puis Cap d’Ail et la route côtière.

Quelques kilomètres encore en ville, on y est presque ! Sur un rond-point, Michel a failli s’engager sur la mauvaise route, je hurle et il prend in-extremis la bonne avenue. Le tunnel, la sculpture à la gloire de Fangio, le Port, le podium de l’ACM. La Celica s’immobilise devant les commissaires, je leur tends pour la dernière fois mon carnet de bord, ils nous applaudissent, je tape sur le toit de la Toy’. C’est fait, elle l’a fait, on l’a fait !!

Nous rangeons notre auto en quinconce parmi les autres, l’impression de rentrer dans un décor mille fois vu en photos. Mais non, les autos multicolores, les lumières qui s’y reflètent, l’alignement des arbres le long du Boulevard Albert 1er, le plongeoir de la piscine, tous ces petits détails que j’adore traquer dans les photos d’époque sont vrais, nous sommes DANS le décor, nous SOMMES le décor.

Guillaume et Valérie nous rejoignent, Champagne, la Celica a droit elle aussi à sa part, nous l’embrassons…on est sur le Port...

JF500 nous rejoint, nous félicite. Notre objectif est atteint, nous avons ralié l’arrivée dans les 100 premiers.

Tout le monde est fatigué, pourtant je fais durer le plaisir : je suis tellement attaché aux « lieux de mémoire » du sport auto, c’est presque irréel de se trouver là, à mon tour…

Que de chemin parcouru depuis la Course de Côte de Limonest 1968 où ma mère, alors enceinte de 6 mois s’effrayait du bruit des monoplaces risquant de traumatiser l’enfant qu’elle portait en elle. Je crois qu’elle avait raison…

L’hôtel enfin, une courte nuit de sommeil, une journée de repos malheureusement pluvieuse, puis la soirée de gala. Je suis coincé dans ma tenue mais pas grave, ce moment fait aussi partie du Rallye Monte-Carlo : strass et paillettes sur la Côte.

Le retour vers Toulouse et Bordeaux, plein d’images dans les yeux et de projets dans la tête : bon, on se réinscrit à l’année prochaine ???


Un grand merci à vous tous qui nous avez soutenu et/ou proposé votre aide, à Guizounet pour son cadenceur, à Christophe pour son aide logistique, à Guillaume et Valérie pour leur assistance efficace et enthousiaste, à Michel de m’avoir fait confiance au début de l’aventure, à JF500 pour ses conseils, sa simplicité et sa disponibilité même au cœur du rallye, à l’ACM d’avoir perpétué le VRAI Monte Carl’, aux commissaires pour leur gentillesse au bord de la route, aux spectateurs, photographes qui font partie intégrante de la légende.

Un GIGANTESQUE merci à ma petite femme adorée qui m’a offert l’engagement pour mes 40 ans et à m’avoir « autorisé » à partir pendant 1 semaine !

En espérant que nous avons pu vous faire partager un peu de notre aventure au travers de ces quelques messages. Très sincèrement, je vous souhaite à tous de pouvoir participer au Monte Carlo Historique un jour...
"Un bon copilote ne fait pas forcément gagner un rallye, mais un mauvais le fait assurément perdre" Ari Vatanen
Répondre
#35
'Tain ton récit m'a foutu la chair de poule!

A te lire, on voit littéralement les images que tu évoques! Un splendide récit pour une aventure qui ne doit pas l'être moins [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/bien.gif[/img]

Merci de nous faire partager ce moment de pure passion avec les bons et les mauvais passages!

Et puis chapeau pour votre perf, quand même, Finir et dans les 100 prems pour une première participation, chapeau

[img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/coucou.gif[/img]
<!--QuoteBegin-Gamiiin+-->QUOTE(Gamiiin)<!--QuoteEBegin-->Perso vu le froid qu'il fait par là bas, je préfère rester ici et me taper
un canard...<!--QuoteEnd--><!--QuoteEEnd-->
Répondre
#36
Surtout qu il y a des pointures qui viennent clairement pour jouer le classement !

[img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/bien.gif[/img]

J etais sur l Echarasson mais j ai du partir avant de vous voir [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/spamafote.gif[/img] Je tenterai de poster des photos plus tard, lorsque j aurai recupere mon ADSL a la maison [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/coucou.gif[/img]
Répondre
#37
Et Axelus on attend ton résumé!!!! ça va être chaud de passer après un récit pareil!
Réplica du Workshop manual d'Elan à vendre 50 euros
Répondre
#38
merci les amis, je suis heureux d'avoir pu vous communiquer un peu de ce que nous avons vécu. [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/coucou.gif[/img]

On était pas du tout habitué à la régul au 1/10e de seconde, maintenant avec un peu plus d'expérience et une 30e de chevaux de plus dans la Celica, on devrait potentiellement pouvoir faire mieux. L'année prochaine?? [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/icon_biggrin.gif[/img]
"Un bon copilote ne fait pas forcément gagner un rallye, mais un mauvais le fait assurément perdre" Ari Vatanen
Répondre
#39
Je suis super a la bourre, mais je viens de poser les photos sur mon site [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/icon_wink.gif[/img]

http://www.speed-addicts.com/gallery/monte...istorique-2009/

Encore une fois, tres decu de ne pas avoir pu rester, mais l Echarasson commencait a se raffraichir a la tombee de la nuit [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/vert.gif[/img]

A quelle heure etiez vous passe au CH du col de Gaudissard ?

Répondre
#40
[img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/bien.gif[/img] Superbes photos, Marco!

Par contre, y'a un truc qui me chiffone: Es tu sur que l'innocenti cooper 1300 en soit bien une ? car elle a une malle AR de Mini, non? Ou bien ai je encore tout faux, dans mes tentatives désespérées de comprendre l'univers miniesque [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/voyons.gif[/img]

[img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/coucou.gif[/img]
<!--QuoteBegin-Gamiiin+-->QUOTE(Gamiiin)<!--QuoteEBegin-->Perso vu le froid qu'il fait par là bas, je préfère rester ici et me taper
un canard...<!--QuoteEnd--><!--QuoteEEnd-->
Répondre
#41
[img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/bravo.gif[/img] pour les photos... J'aime particulièrement tes cadrages sur la Honda, l'Alpine et les 2 Porsches.
Fais tt de même gaffe de ne pas te retrouver sur un capot [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/coucou.gif[/img]

Clé de 7 °º¤ø,¸¸,ø¤º°`°º¤ø,¸¸,ø¤º° Fun1450
Répondre
#42
Attends de voir les dernieres du trophee Andros [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/vert.gif[/img]

Meme Pierre Llorach m a demande apres une manche: "Je t ai fait peur ?" en rigolant. Ce con est monte sur une rampe de 1m en mordant un peu l interieur d un virage, j ai du faire un bond en arriere et j ai laisse echapper cette photo [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/ph34r.gif[/img]

Un autre moment tendu etait celui ou, a Serre-Chevalier, j etais installe entre les deux lignes droites, confortablement. Je n avais pas pige qu ils passaient a 120 dans un sens et 150 dans l autre [img]style_emoticons/<#EMO_DIR#>/icon_eek.gif[/img]

Mais j en ai une pô mal:
[Image: CF3_dsc_0521.jpg]
Répondre


Atteindre :